mercredi 24 février 2016

Témoignage 4

Je me suis toujours considéré comme une fille "mignonne" - ou du moins jolie sans pour autant être exceptionnelle. Malgré ça, j'ai mis très longtemps à aimer des photos de moi. Tout ce qui représentait davantage que mon visage clochait forcément : trop ronde, trop petite, disproportionnée (merci le body-shaming familial), mal habillée... Bref, je ne me supportais pas en photo, mais sans pour autant me cacher. J’espérais qu'un jour l'image représenterait la fille à l'intérieur, celle qui est bien dans sa tête et dans son corps. Le fait que la majorité des photos étaient prises en réunion de famille (où l'on est rarement à son avantage) n'aidait pas.
Je me suis vraiment aimée en photo quand l'une des mes amies, qui a commencé des études de photographe, m'a demandé d'être son modèle. Sachant que je ne suis pas pudique, elle a pris autant de photos habillées que dénudées... et le charme a opéré, si l'on peut dire. C'était il y a un an, et même si je me sens beaucoup mieux par rapport aux photos en général, encore aujourd'hui ses photos sont les seules sur lesquelles je m'aime vraiment.



vendredi 19 février 2016

Témoignage 3

Je suis absolument incapable de voir mon propre corps autrement que purement fonctionnel.
Je veux dire, je l'assume à peu près, enfin il ne me dérange plus comme il a pu le faire. Plus jeune, je me suis trouvée trop grosse, par comparaison. Puis trop maigre, par observation. Aujourd'hui, j'ai encore des complexes à tir larigot, mais j'apprends à m'en défaire.

Non, là où mon rapport à mon corps est biaisé, c'est que je n'assume pas de m'en préoccuper. Je n'ai jamais été très "féminine", ma mère m'a longtemps (et le fait encore à l'occasion) reproché de ne pas prendre assez soin de moi, et maintenant que je commence doucement à en avoir envie, à avoir envie de me trouver belle et attirante, je ne l'assume pas, j'ai l'impression de trahir la petite fille que j'étais et qui a lutté tout ce qu'elle a pu pour porter des pantalons quand elle le voulait, pour pouvoir se foutre de son apparence alors qu"elle "était une fille".

Je n'ai absolument pas conscience du côté "séduction" de mon corps, et c'est toujours une énorme surprise de m'apercevoir que des personnes peuvent me trouver attirante, séduisante. Et je me sens parfois très mal dans le regard de certaines personnes, qui ne me veulent aucun mal, mais qui me voient comme "une femme". Dans ces moments, je lui en veux de me trahir ainsi, de prendre autant d'importance, de fausser ainsi les rapports.
Et parfois j'arrive à l'apprécier, à en avoir envie, à en jouer. Mais c'est encore difficile à accepter...

Ce projet est pour moi l'occasion de l'assumer. Oui, mon corps existe, ce n'est pas un simple véhicule, et vouloir y être attentive n'est pas un synonyme de futilité ou de narcissisme.